406 : année terrible où les Wisigoths et autres vandales traversèrent la Gaule romaine, pillant, violant et détruisant une civilisation décadente : le pays ne s’en remit pas. Certains s’établirent dans la région créant des villages tels Goudou, Goujounac…
En 662, un de leur descendant, nommé Waïffre se rend célèbre dans notre région. Il est Prince d’Aquitaine, et le roi de France, Pépin le bref, le poursuit afin de mettre un terme à ses prétentions belliqueuses.
Waïffre vient de Cahors et se dirige vers Turenne pour échapper aux soldats du Roi dans les forêts du Limousin. La traversée du causse en été a durement affaibli sa combativité ; aussi lorsqu’il arrive au Trinquat, ses chevaux fourbus sentent l’eau et se précipitent dans la prairie pour se désaltérer.
Pendant la reconnaissance des lieux, les brigands découvrent des cavernes et des gouffres. C’est une aubaine pour s’y cacher, le temps de remettre la troupe en état de marche.
Les coffres contenant la nourriture et les fruits de leurs larcins y sont entreposés à l’abri ; quant aux chevaux, ils sont parqués dans les ruines des granges romaines qui s’élèvent encore près de l’Ouysse.
Parmi les trésors volés dans les abbayes et dans les dernières villas romaines, il se trouve un magnifique jeu de quilles en or.
La fraîcheur de leur habitat et la profusion de poissons dans la rivière les incitent à prolonger leur séjour. Or, un soir, de lourds nuages noirs s’amoncellent au-dessus de la vallée, des violents coups de tonnerre se font entendre, un vent déchaîné se lève et c’est un orage qui éclate. De mémoire d’homme, on n’avait pas vu ça depuis le déluge ! !
Des arbres s’abattent dans le défilé, des rochers poussés par les eaux dévalent des collines, et le ruisseau, naguère si paisible, se transforme en un torrent furieux emportant tout sur son passage.
Lorsque les brigands réagissent, c’est déjà trop tard : les cavernes et leurs occupants sont noyés et les issues bouchées par des tonnes de matériaux ; des guerriers encore armés sont foudroyés sur place, quant aux autres, craignant la divine justice, ils s’enfuient une fois pour toutes.
La vallée n’est plus qu’un immense lac, de Rueyres au bas de Couzou.
Quelques centaines d’années plus tard, vers 1100, un nommé Girbert, petit seigneur local, décide d’élever un petit fort sur un promontoire rocheux, afin de mettre à l’abri ses sujets en cas de danger : c’est une époque très troublée et les pillages sont fréquents.
En creusant les fondations, il découvre une galerie au fond de laquelle des coffres éventrés laissent échapper leur contenu scintillant. Sur le sol, un jeu de quilles en or semble attendre le dernier tir d’un joueur.
Girbert puise dans ce trésor pour construire un château de belle allure, mais comme il se doute de son origine frauduleuse, il s’en sert également pour financer sa participation à une croisade pour délivrer le tombeau du Christ. Il fait élever sur ses terres d’Issendolus un hôpital où les pauvres et les pèlerins seront soignés.
Cette famille riche attire les nobles alliances, le château trop modeste ne suffit plus et les Thémines s’établissent près de Gourdon. Ils ne prennent plus le temps d’entretenir leur ancienne demeure ; ils oublient même le jeu de quilles au fond de sa caverne.
Un jour, les habitants du petit village sont terrorisés par un grand bruit : une partie du château s’est écroulée, scellant à tout jamais la cache où dorment les quilles en or.
Depuis, on entend des coups de pioche au fond des caves ; des spéléologues se glissent dans les moindres failles ; des détecteurs de métaux s’usent sur de vieilles boîtes de conserve ; là-dessous, nous cherchons les quilles partout, mais où sont-elles ?
Vous pouvez écouter cette légende contée par Margot D Marguerite, comédien, écrivain et habitant de Thémines :