Cette légende a été recueillie de Marie Jeanne Pons le 8 novembre 1897 par Léon Cros, instituteur à Thémines de 1892 à 1900.
Lorsque les petits enfants sont chétifs, que leur corps au lieu de grossir se débilite, pleurent fréquemment et mettent leurs petites jambes en croix, on dit qu’ils ont le mal de St Martin.
Pour les en guérir, leurs mères vont offrir aux reliques du saint. Elles se présentent à l’église de Thémines ; Monsieur le Curé, après leur avoir donné l’offrande, bénit un morceau de pain, un demi-litre de vin qu’elles ont apportés, et puis on va au lac de St Martin. Entre le Cossoul et là où fut l’église de St Martin, au bord du chemin, à gauche est un puits et à droite un lac, appelés de St Martin. On fait plonger l’enfant dans l’eau par une personne avec laquelle il n’y ait aucun lien de parenté. On a soin de laisser sur les murs du lac ou sur les buissons qui l’avoisinent un des objets : béguin, chemisette ou tablier, composant le trousseau de l’enfant, à l’intention du premier pauvre qui passera, et l’on repart. Au bout de quelques jours l’enfant est guéri, d’une façon ou de l’autre. Ou bien il meurt, et alors il est délivré des peines de cette vie, ou bien son mal cesse, il met des forces, grossit vite et ne met plus ses jambes en croix.
Aujourd’hui, au lieu de plonger les enfants dans l’eau du lac, souvent glacée ou du moins très froide, on se contente d’aller ou d’envoyer prendre de l’eau que l’on fait tiédir et avec laquelle on fait laver l’enfant, mais toujours par une personne étrangère de sang. De tous les coins du Causse et du Ségala, les mères viennent ou venaient offrir à St Martin pour le mal de son nom..
Un meunier de Thémines, en rentrant chez lui, passait un soir, très tard, devant les ruines de l’église St Martin, chantant son refrain préféré. Son mulet, fatigué par la course, et peut-être aussi par le poids trop lourd qu’il a sur le dos, trébuche, tombe et renverse la charge.
Le meunier, d’un vigoureux coup de fouet, assaisonné d’un gros juron, relève la bête et se met à recharger les sacs. Mais c’est en vain, il ne peut arriver à les lever. Alors se présente devant lui, un homme qui paraît au meunier être de belle taille et qui s’offre pour lui aider. Comme cela se fait d’habitude pour lever les sacs à deux, le nouvel arrivé donne sa main au meunier pour pouvoir lui mettre le sac sur l’épaule et de là sur le mulet ; La main est glacée ; le meunier en fait l’observation à celui qui vient de lui rendre service. Celui-ci lui répond : « Quand il y aura aussi longtemps que moi que tu seras sous la terre, tu auras les tiennes aussi froides que les miennes ». – Tête du meunier !
La version longue de cette dernière histoire est ici.